vendredi 6 août 2010

Pompage d'air

Les gens, quand ils apprennent que t’es française, parfois, ça leur fait claquer quelques neurones. Par exemple, le mec de la station service, il devient d’une connerie assez impressionnante, et me fait royalement chier à chaque fois que je vais prendre de l’essence, c'est-à-dire tôt le matin, quand j’ai très envie qu’on me laisse pseudo-roupiller peinarde. Bon, en toute bonne foi, je peux pas dire que le fait qu’il soit l’homme le plus repoussant que j’ai jamais croisé ne pèse pas un micro poil dans la balance. Il est possible que, peut être, inconsciemment, par le plus grand des hasards, je sois légèrement moins patiente que si le sosie de Johnny Depp me faisait la conversation (mais bon, à cette heure la, même pas sure que Johnny lui-même puisse m’extirper une phrase polie).

Déjà, la dernière fois, il a commencé à me taper la discute en français alors que je choisissais mes sandwichs, avec un accent tellement imbitable que je captais rien. Alors je hochais la tête d’un air confiant, en émettant des ptits hmmms et en affichant un léger sourire entendu de temps en temps (technique qui marche très très bien jusqu'à la première question de ton interlocuteur. Après il te prend pour une demeurée, ce qui peut aussi s’avérer utile). Bref, première rencontre, et déjà j’en pouvais plus. Supporter le baragouinement inintelligible de l’affreux pompiste flippant à 7h13 du matin, c’est trop. Tellement trop que ce jour là, je suis partie sans payer mon essence (juste les sandwichs), sans me retourner.

Depuis, j’ai réglé mon essence et je le croise peu (comme il m’a laissé fuir sans me rappeler mon essence, tout ça parce qu’il était trop occupé à me saouler en mauvais français, ça a pas du trop plaire à son boss, alors il se la coule douce). Sauf ce matin. Ce matin, le pompiste était très en forme, m’a redemandé si j’étais française. Bon, au moins il parlait en anglais, j’étais vachement optimiste. Une fois l’essence payée, il a continué à me poser des questions, alors que 5 personnes pressées attendaient derrière, questions qu’il devait me reposer au minimum deux fois, vu que je comprends pas un mot de ce qu’il me raconte, même en anglais.

Teranseze ?

Pardon ?

T’es bien française ?

Ah, oui oui, je suis française, toujours, ça change pas trop, ce genre de choses.

Etuviendouenfrance ?

Excusez moi ?

D’où tu viens en France

Heu, de Lyon

Ah, mon ex copine aussi elle venait de Lyon, de chrompfchrompf

Hein ? D’où ? (chuis quasi sure qu’il m’a déjà parlé de son ex la dernière fois, avant que je prenne mes jambes à mon cou)

De Lyon aussi, de Macon.

Mmmh, déjà, j’en ai rien à foutre, moi, que son ex copine vienne de Macon (qui n’est pas DU TOUT Lyon, merci), ou que son chien mange des croquettes à la menthe verte des bois, et puis y’a des gens qui veulent payer leur essence, et c’est pas que j’aime pas perdre dix minutes dans une discussion unilatérale à laquelle je comprends rien avec un parfait inconnu, mais faut que j’y aille moi, hein.

Je suis patiente, mais de 10h à 16h, comme la poste. Avant je finis ma nuit, et après je pense à moi.

Je crois que je vais changer de station, moi, tout ce stress, c’est pas bon pour mon teint (bronzé, mais qui pâlit à vue d’œil).

Un peu de musique, et bon week end!

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